dimanche, 2 février 1919

Les déboires des démobilisés

Sous ce titre, le chroniqueur du Populaire consacre, en première page, un long article au sort des poilus démobilisés :

 

« Pendant la guerre, on les a traités en héros, de chers poilus, et maintenant qu’on n’a plus besoin d’eux, on les expédie dans des wagons à bestiaux, on les promène pendant des jours pour des voyages qui pourraient se faire en quelques heures ; avant de les libérer, on les dirige vers des dépôts où on les fait séjourner pour les soumettre à une foule de formalités inutiles ; on oublie le plus souvent de leur donner à manger.

 J’indique ici en gros les conditions dans lesquelles s’opère la démobilisation. Si je voulais entrer dans les détails je n’en finirais plus….

D’abord on a l’impression qu’en France la démobilisation va moins vite que dans les autres pays. Selon l’habitude, tout se fait chez nous plus mystérieusement qu’ailleurs…

Mais ce n’est pas tout. Les démobilisés de retour chez eux ont d’autres déboires. Ils comptaient toucher en arrivant une certaine somme qui leur permît de se débrouiller… Ah bien ! ouitche ! Très généreusement la Chambre leur a fait cadeau de leur casque, mais lorsqu’il s’agit de casquer, c’est une autre affaire…»

 

Le chroniqueur poursuit sur l’épineuse question de la prime de démobilisation sur laquelle ergotent depuis des semaines les députés.

L’exaspération des poilus renforce le contentieux entre l’avant et l’arrière né pendant la guerre. Ces civils qui n’ont rien vu des combats et qui célèbrent la victoire ne les comprendront donc jamais !