mardi, 12 juin 1917

Le moral des civils

Les incidents signalés hier dans les gares de Nantes s’étant renouvelés le commissaire de police reprend la plume pour les signaler et rajoute un élément nouveau :

« Un peu plus tard, vers 9 heures ¼, après le départ du train, un rassemblement s’étant formé près de l’aubette des tramways, les brigadiers cyclistes Papion et Lecoq sont intervenus en invitant les gens à se disperser. A ce moment, ils ont été grossièrement injuriés par une femme qui paraissait surexcitée. Cinq militaires permissionnaires ont pris fait et cause pour cette femme, de telle sorte que pour éviter un mauvais parti de la foule, qui devenait menaçante, les agents ont dû se retirer.

La femme auteure de la scène, une nommée Le Menhac Marie, 43 ans, bonne de café, place du Commerce, a été arrêtée à 11 heures. Elle sera déférée au parquet dans la matinée ».

 

Maintenant qu’une partie de la population prend fait et cause pour les poilus en colère, la presse nantaise, muette sur le sujet jusqu’alors commence à réagir. Le Phare, dans un article en page intérieure minimise, maladroitement, les incidents. Le même journal, en première page intitule un article, signé Gustave Hervé ancien pacifiste devenu militariste, « Pour le moral des poilus ». L’auteur évoque la réforme du système de permission instauré par le général Pétain puis tente d’expliquer ce qui provoque le « cafard » du soldat : la solde, les offensives mal préparées… Il y a aussi ce passage à l’adresse des civils dont le moral flanche : « Mais il ne faut pas se dissimuler que plus la guerre durera, plus il faudra que chacun y mette du sien, les civils comme les soldats, les hommes comme les femmes, les autorités civiles comme les autorités militaires ». L’Arrière tiendra-t-il ?