dimanche, 18 août 1918

Le moral de l’arrière

Dans son rapport mensuel envoyé au sous-préfet, le commissaire spécial de Saint-Nazaire fait le point sur l’état de l’opinion dans sa ville :

 

« Evénements militaires. Ils sont dominés par les deux contre-offensives victorieuses du Maréchal Foch. Cet événement heureux a causé le plus grand enthousiasme. La foule, avide de nouvelles, se presse aux communiqués dont les termes sont commentés avec passion quelquefois. On discute même sur les possibilités d’une paix prochaine qui pourrait être hâtée par les récentes victoires des alliés. L’opinion générale est que les dernières opérations militaires marquent un tournant décisif dans cette guerre.

 

Le moral des permissionnaires est très élevé. Il s’expliquerait semble-t-il :

  • Par la confiance du soldat dans le commandement actuel et surtout dans son chef suprême, le Maréchal Foch.
  • Par la popularité qui entoure le ministre de la guerre, Président du Conseil, M. Clemenceau.
  • Par la marche générale des événements militaires : appoint formidable des Américains, augmentation de la solde des poilus, intervention japonaise en Sibérie, échec de l’offensive autrichienne sur la Piave ».

 

 

Le commissaire spécial de Nantes fait un constat identique à ceci près : « L’opinion sur nos Alliés est généralement bonne, cependant la sympathie de la population va directement aux Américains qui sont les enfants gâtés du moment ».

 

A Saint-Nazaire, l’opinion sur les Américains est plus réservée : « La hausse du prix des denrées se fait de plus en plu sentir. On trouve que le système des taxes est rendu inopérant par la demande américaine. A ce sujet, on se plaint que l’autorité alliée méconnaisse ou ignore même totalement la taxe des principales denrées sur le marché de St-Nazaire. Les procès-verbaux dressés contre les producteurs ou les revendeurs peu scrupuleux produisent la meilleure impression ».

 

N.B : taxe = prix maximum fixé pour un produit.