samedi, 25 novembre 1916

« Le bon moral »

 

Sous ce titre, Gaston Veil, dans Le Populaire, s’en prend aux « bourreurs de crânes » qui sapent le moral des poilus :

 

« J’ai reçu les confidences de beaucoup d’entre eux [des poilus] ; ils ne sont pas du tout contents, et ils trouvent que nous autres, gens de l’arrière, nous avons une singulière façon de leur soutenir le moral…

Quand ils ouvrent la plupart des journaux, ils ne lisent que des articles où l’optimisme le plus béat s’étale depuis le commencement jusqu’à la fin, et cet optimisme imperturbable les agace parce qu’il ne correspond pas à ce qu’ils voient de leurs propres yeux. Ils en ont assez des tirades de M. Maurice Barrès qui secoue l’encensoir chaque jour devant les poilus et qui oublie de compatir avec sincérité à leurs vraies peines.

Tous les soldats que je vois, tous ceux qui m’écrivent sont fort en colère contre les bourreurs de crâne qui racontent pour les gens de l’arrière des histoires à dormir debout mais qui feraient mieux pour ceux de l’avant de s’en tenir à la vérité qui, telle qu’elle est, est très réconfortante.

J’ai toujours essayé, pour ma part, de ne pas m’écarter de cette vérité, et je continuerai avec le sentiment que c’est encore la meilleure manière d’encourager aussi bien ceux de l’arrière que ceux de l’avant ».

 

Voilà une affirmation qui ressemble bien à du bourrage de crâne !