samedi, 1 juillet 1916

Le 1er jour de la bataille de la Somme, dans la tranchée

A 7 h 30, le signal de l’attaque est donné sur toute la ligne de front franco-britannique.

 

La compagnie de Maurice Digo est positionnée dans le bois de Maricourt quand, au moment de sortir de la tranchée, une salve d’artillerie tombe sur elle.

Il écrit dans ses Carnets :

« Je saute dans le boyau déjà rempli de fumée. De la section de droite arrive des hurlements. Un groupe pris de panique s’abat sur nous bousculant tout sur son passage, tandis que la gauche cherche une issue pour fuir… A droite, il y a maintenant un monceau de morts. Tout ce qui suit va se passer dans une sorte de brouillard. Je suis immunisé contre la peur et la souffrance. Je n’entends plus aucun bruit, ne réalise plus ni le poids ni le mouvement de mon corps.

 Immédiatement à ma droite, il y avait Bourlier, mais Bourlier n’a plus de tête, ensuite Finet qui, debout, la face en sang cherche en vain à se déséquiper… plus loin, le sergent Groshanny enterré jusqu’à la ceinture. A ma gauche Thomas, au bec, ce gros cigare ridiculement rafistolé de papier à cigarette (pour faire voir aux copains comment les gars de Belleville sautent le parapet en faisant des ronds de fumée), Thomas… n’a pas une trace de sang sur sa face pâle de Pierrot, mais il est bien mort…

Au-delà, dans l’angle du boyau, il y a les cadavres du sergent Clauss, de l’aspirant Eugin et d’autres. Et parmi ces tas de morts, il y a Cochin [le capitaine] qui gesticule, qui envoie Bravière vers moi avec un paquet de pansements…. ».

 

M. Digo blessé par des éclats d’obus à la tête est ensuite évacué.

 

Ua 2 juillet 16

 

Maurice Digo blessé, autoportrait (AMN)