vendredi, 31 décembre 1915

L’année qui s’en va

31 décembre oblige, l’éditorialiste du Populaire tire le bilan d’une année qui l’a beaucoup déçu :

« Elle n’a pas tenu tout ce que nous attendions d’elle. Nous ne nous figurions pas qu’elle s’écoulerait sans que les boches fussent chassés de notre sol. »

Mais cette année 1915 a quand même le mérite de lui avoir appris des choses :

« Il y a douze mois… nous jugions encore des combats d’à présent avec les notions d’autrefois. Certes la vue des tranchées avait introduit dans nos raisonnements quelques éléments nouveaux, mais nous étions toujours convaincus qu’on pouvait rompre les rangs de l’ennemi en se précipitant contre lui un beau jour, en grand nombre et avec beaucoup de courage. Nous avons constaté, depuis lors, que les opérations ne se conduisent plus tout à fait de cette manière… »

 

Après avoir salué la mémoire des héros tombés pour la patrie, il clame sa foi dans la victoire :

« Eh bien ! ce sera pour l’année 1916. Nous sommes prêts comme jamais peuple ne l’a été… et pendant que nous en sommes là, les Allemands voient s’évanouir tous leurs rêves et marchent en désespérés. Allons ! haut les cœurs ! et l’année 1916 sera bonne pour nous. »

 

 

Cet optimisme, forcé, n’est pas partagé par tous. Sur le front, le Nantais Marcel Digo note, ce 31 décembre, dans ses Carnets :

« Prise d’armes pour la Division.

Manœuvre, défilé, musique et discours : « … nous avons fait ci… nous avons fait ça… la guerre n’est pas finie… Patrie   Sacrifice   Territoire envahi… Alsace-Lorraine…etc… »

Pas de courrier

Cafard. »