dimanche, 16 mars 1919

La guerre au cabaret

Dans les écoles de Nantes la guerre continue… contre l’alcoolisme.

 

Malheureusement l’ennemi est coriace et aucune paix, pas même un armistice, ne sont en vue comme le constate, un peu désabusé, le directeur de l’école de garçons de la rue de la Faïencerie :

 

« Il faut lutter contre l’alcoolisme qui, a-t-on affirmé, faisait plus de mal que la guerre. Il faut lutter c’est entendu. Mais le plus souvent ce sont là des mots que l’on entend dans toutes les bouches et je suis presque certain que bien peu nombreux sont ceux qui les honorent et qui consentent à se priver de leur apéritif ou d’un bon verre de muscadet…

A l’école, avec beaucoup de discrétion, nous faisons notre possible pour inculquer la tempérance aux enfants qui nous sont confiés. Toutes les matières du programme se prêtent à cet exercice. Dictées, récitations, lectures, problèmes, rédactions sont à notre disposition pour montrer les laideurs de l’alcoolisme. Mais aussitôt que l’enfant a franchi la porte de l’école il oublie facilement, trop facilement, les résolutions prises en classe. D’ailleurs il ne peut en être autrement puisque ce sont ses parents eux-mêmes qui le mènent au cabaret. Ça lui donne des forces, disent-ils ! Allons petit bois un coup ! ça ne te fera pas de mal.

J’admire les apôtres, comme Cauvin, qui de ville en ville vont porter la bonne parole mais je reste sceptique quant aux résultats obtenus… Pour moi, il n’y a qu’un seul remède à ce mal terrible qu’est l’alcoolisme : c’est la suppression du cabaret. Seuls les pouvoirs publics sont qualifiés pour prendre cette mesure. Mais…. Ils ne la prendront pas ».