mercredi, 11 décembre 1918

La fabrique de l’opinion

« Parmi les industries qui se sont le plus développées pendant cette guerre, une des principales est sans contredit celle qui a pour objet la fabrication de l’opinion publique…

Aujourd’hui, la guerre est finie et l’on pourrait croire que la fabrication de l’opinion va cesser avec celle des obus. Car, pour la continuer, on ne peut plus invoquer la défense nationale. Erreur ! La fabrication de l’opinion se poursuit avec plus d’intensité que jamais. Voilà une industrie qui n’a pas besoin de se transformer pour le passage de l’état de guerre à l’état de paix » écrit le chroniqueur Verax dans Le Populaire.

 

Comme pour justifier ce propos son confrère Doceul, dans Le Phare du même jour, évoque l’épineuse question des restrictions :

« L’approche des fêtes de Noël et du Nouvel An réveille les gourmandises endormies. Sucreries et pâtisseries se rappellent aux palais sevrés… Il [le gouvernement] a, heureusement un argument de nature à calmer les appétits impatients. Les régions françaises envahies par les Boches et reconquises par nos armées, n’ont pas fini de souffrir des rigueurs de la guerre. Non seulement, nous avons le devoir de reconstruire leurs maisons… mais nous leur devons avant tout la subsistance…

Comparons les quelques privations que nous avons supportées aux véritables tortures qu’ils ont subies, et sachons attendre que tous les Français aient également le nécessaire avant de penser au superflu ».

 

Difficile d’avouer, maintenant que la guerre est finie, que l’une des causes principales de la pénurie, c’est la pagaille régnant dans les transports. Heureusement, il y a la fabrique de l’opinion.