vendredi, 22 juin 1917

« La crédulité humaine est insondable ! »

Petit à petit le calme revient dans les gares de Nantes.

 

La presse, aux ordres, range déjà les incidents récents dans la catégorie des rumeurs et ragots. Le Phare conte l’histoire d’un poilu revenant de permission qui raterait bien son train en gare de Nantes. La raison ?

« Cela me permettrait de passer la journée de demain à Nantes et de voir un peu ce qui s’y passe. Il paraît que ça va très mal. Puis, se reprenant, il ajoute : « Maintenant, c’est peut-être bien comme à Paris. On m’avait dit, en partant, que Paris était en ébullition ; je suis passé à Paris voir de la famille, il n’y avait rien du tout ».

 Ainsi à Paris, il ne se passait rien d’anormal ! On l’avait donc berné ?

Si notre poilu a manqué son train l’autre soir ; s’il a passé la journée du lendemain à Nantes, il a pu se rendre compte que cette fois encore, ses informateurs bénévoles l’avaient fourré dedans …

La crédulité humaine est insondable ! Mais c’est déjà beaucoup qu’il rapporte au front une impression toute différente de celle qu’il avait apportée chez lui ; il pourra dire à ses camarades qu’on leur avait menti quand on avait prétendu que les civils flanchaient.

Les civils tiennent ! »

 

Quand le conte patriotique tient lieu de journalisme qu’en est-il de la crédulité du lecteur ?