samedi, 12 décembre 1914

« je voudrai que les soldats est beaucoup de douceurs »

On l’a vu dans une chronique précédente, avec l’entrée en guerre, le conditionnement moral des enfants devient une priorité des autorités.

En plus de subir un enseignement aux orientations patriotiques et belliqueuses, les élèves sont mis à contribution pour participer aux « œuvres de guerre » (récupérations diverses, tricot, couture…) et aussi pour sacrifier leurs petites économies sur l’autel de la patrie.

Relayé par les instituteurs, l’appel du préfet et du maire de Nantes à souscrire pour le réveillon du soldat est entendu par les enfants.

Pour émouvoir et susciter de nouvelles souscriptions, les journaux nantais publient, le 11 et le 12 décembre la lettre de Hyppolite Froger, 7 ans, élève de l’école de la rue du Moulin à Nantes :

« Mesieur le Maire,

« Je ne suis pas riche. Je ne possède que 3 fr. 35 dans ma tirelire, mais je viens vous les donné de grand cœur pour que vous envoyiez des étrennes aux soldats qui se batent pour nous.

« Papa qui a été soldat en Afrique et qui a été se batres au tonquin dit qu’on est pas toujours heureux en guerre, s’est pourquoi Mesieur le maire je voudrai que les soldats est beaucoup de douceurs et qu’ils tuent beaucoup de boches et les chassent de chez nous.

« Je vous saluent Mesieur le maire. »