lundi, 1 juillet 1918

Et le général Foch s’en est allé

Hier, le général Buat a eu la visite du général Foch accompagné du général Weygand ; il écrit dans son journal :

 

« Le général Foch n’y a pas été par quatre chemins :

– M. Clemenceau, le général Pétain et moi, nous nous sommes réunis ce matin, et nous avons décidé de vous nommer major général. Voici un papier – 20 lignes – qui précise l’attitude actuelle et l’attitude de demain, avec les grands traits de ce qu’il y aura à faire.

– Pardon ! Mais que devient le général Pétain dans cette affaire ?

– Le général Pétain ! Ne vous inquiétez pas ; il est d’accord ; nous marchons d’accord ; il se promènera et vérifiera l’exécution.

– Mais la situation n’est pas nette. Et puis, il y a l’état-major, l’état-major plus fort que n’importe quel major général et dont les mœurs sont à réformer.

– Pour Pétain elle l’est ; je vous le répète nous sommes d’accord. Quand à l’état-major, il faudra des changements. Vous y procéderez lentement. Voilà tout.

– Est-ce une décision prise définitivement ou seulement un projet en élaboration, parce que dans le dernier cas, je refuse ; je refuse car je ne me sens pas les aptitudes nécessaires pour la fonction.

– Je ne suis pas venu vous demander votre opinion sur le sujet ; je viens vous dire ce que vous aurez à faire.

– Alors c’est un ordre ?

– Oui

Et le général Foch s’en est allé… Et voilà comment j’ai appris que l’événement tant redouté m’atteignait avec certitude ».

 

Edmond Buat se trouve ainsi propulsé major général du Grand Quartier Général, c’est-à-dire numéro deux de l’armée française sous Pétain. Il craignait alors que sa nomination soit une manœuvre de Foch, commandant suprême de toutes les forces militaires françaises et alliées basées en France, pour court-circuiter Pétain, commandant en chef des troupes françaises.

Il découvrira plus tard que c’est Clemenceau qui l’a placé là pour faire cohabiter deux hommes en désaccord sur tout : Foch et Pétain.

 

g 1 juillet

Le général Edmond Buat