dimanche, 8 décembre 1918

Dans Metz libérée

« Metz acclame ses libérateurs ! Les journées de la revanche » (Le Populaire)

« Les fêtes de Metz » (Le Phare).

 

Tout ce que le pays compte de responsables politiques et militaires est aujourd’hui à Metz pour le premier jour d’un voyage officiel en Alsace-Lorraine libérée.

 

Plutôt que de reprendre les articles enthousiastes des journaux nantais, nous donnons la parole à Maurice Digo dont le régiment stationne dans la ville.

Il note dans ses Carnets :

« Grande fête militaire et Te Deum à la cathédrale, présidés par Poincaré et Clemenceau… L’archevêque de Metz qui est allemand a dû officier sous les ordres de son successeur éventuel Monseigneur Ruch, aumônier au XX C.A. Les honneurs une fois rendus à nos officiels enfarinés il devra quitter son siège et rentrer en Allemagne…

Le soir dans la ville illuminée se déroule une bamboula formidable. Un dépôt de fusées ayant été découvert par une bande en goguette dans les hangars de Frescati, des feux d’artifices improvisés éclatent ça et là, provoquant bousculades et accidents.

La garnison entière, libérée du service s’est ruée vers les fêtes de nuit. Seul un maigre service d’ordre reste dans la caserne « à la disposition »

           

Maurice Digo est de garde au standard : « Vers 23 heures, sonnerie du téléphone. Des civils et soldats français et américains ont fait sauter des devantures et pillent les magasins allemands. La police des rues est débordée. On demande la garde ».

 

Mais le colonel de service refuse d’envoyer les 25 hommes de garde : « Pendant plus d’une heure, la sonnerie du téléphone n’arrête pas et j’encaisse avec sérénité le plus magnifique répertoire d’injures qui soit possible. Enfin, vers 1 h30, on signale que les matraques américaines ont rétabli l’ordre ».