dimanche, 25 août 1918

Coups de griffe du Tigre

Le général Buat écrit dans son Journal :

 

« Voilà maintenant Clemenceau qui se mêle de changer les commandants de division ; il coupe la tête à celui-ci, ordonne d’évincer celui-là, tout ceci avec des leçons de tactique à la clef et à l’adresse du général en chef. C’est de la bien mauvaise politique… dans de telles conditions le commandement devient bien difficile.

Il nous écrit également une autre lettre, fulminante, à propos des pertes par gaz. C’est à croire qu’il ne se rend aucun compte des difficultés de s’en préserver. Il feint de penser que le masque, pourvu qu’il soit porté de manière presque permanente, immunise contre l’ypérite ! mais, s’il en était ainsi, il ne resterait plus qu’une chose à faire : arrêter aussitôt la fabrication de ce toxique anodin.

Ce qui prouve bien que les précautions sont également prises partout, c’est que les pertes atteignent partout une égale proportion, savoir un tiers des évacués. Puisqu’il n’y a pas d’exception et que personne ne tient évidemment à se faire ypériter, il faut donc en conclure qu’à peu près partout on se heurte aux mêmes difficultés ».