mercredi, 30 septembre 1914

Chronique de la germanophobie ordinaire

Pour entretenir la flamme patriotique, les journalistes louent à longueur de colonnes l’héroïsme des soldats français mais soufflent aussi sur les braises, toujours prêtes à s’enflammer, de la haine et du racisme.

Leur imagination est sans borne, jouant du mensonge et de la trivialité.

Dans Le Populaire du 30 septembre, J. Tallendeau signe une chronique intitulée « Des goinfres »  dont voici quelques extraits :

« Des vandales et des reîtres, des pillards et des assassins, des tortionnaires et des sadiques, les Allemands sont aussi des goinfres. Quand ils ont quitté leurs villes et leurs villages, ils se sont rués vers la France avec l’espoir de conquérir le Paradis terrestre…

 « A Lille, à Amiens, à Cambrai, les envahisseurs ont réquisitionné un immense butin ; et partout, sans exception, leur première parole était celle-ci : « Donnez-nous ce que vous avez à manger, à boire et à fumer ». Partout aussi, en Champagne notamment, ils ont donné libre cours à leur appétit de bâfreurs. Ils mangeaient jusqu’à l’indigestion et buvaient jusqu’à la soulerie. Dans certaines caves, on a cueilli, comme des ivrognes ramassés par la police au bord des trottoirs, des officiers allemands pesamment endormis du sommeil de l’ivresse…

« Il n’y a que la boisson et la ripaille qui comptent aux yeux d’un pur Allemand. Louvain, Malines, la cathédrale de Reims, les plus beaux monuments,  qu’importe ? Ils les sacrifient sans pitié ! Une seule catégorie de bâtiments mérite, disent-ils, considération et respect : la maison où l’on mange et l’on boit, où l’on s’empiffre et l’on se soûle. Goinfres, va ! »