mardi, 29 décembre 1914

« Ceux qui ne seront pas tués … »

Pendant plusieurs jours, sur le front d’Argonne, Louis Vuillemin, délaisse son Carnet.

 

Il s’en explique ensuite :

 

« Je ne note plus. Je n’ai plus le temps ! Bombardement formidable et qui ne laisse point aux nerfs un instant de repos.

Chaque jour a eu sa catastrophe… Des blessés ! Des blessés !

Nous vivons – car nous vivons encore – sous un volcan. Dessus aussi ; il y a de la cheddite dans la cave.

Plus de nouvelles de la marche en avant. Ah ! Nous ne sommes pas sur le Rhin ! Les tranchées sont des rivières. Il faut « remonter le courant ». Les sapes sont des égouts. Les sapeurs ne suffisent plus : il faudrait des scaphandriers !

Comment, comment des hommes peuvent-ils résister à une existence pareille !

Ceux qui ne seront pas tués mourront jeunes je pense ! »