mercredi, 23 août 1916

C’est beau, un champ de bataille la nuit

Sur le front de la Somme, les Français et les Anglais continuent, selon l’expression de Joffre, à « grignoter » du terrain aux Allemands.

 

La mort, elle, ne grignote pas ; en ce temps de moissons elle fauche largement en premières lignes.

 

De son bureau, le général Guillaumat ne la voit pas à l’œuvre, même s’il la devine :

 

« Nous voyions hier 29 saucisses en l’air et quant à nos avions, on ne les compte plus. Le spectacle qu’on a de mon bureau sur les camps, gares, routes en amphithéâtre autour de Bouchavesnes est par ailleurs inoubliable, surtout le soir, lorsque tout cela est éclairé par des milliers de petites lumières et que l’horizon est embrasé par les lueurs des éclatements. C’est magnifique. Mais ce qui est vrai pour les bivouacs de l’arrière ne l’est pas pour la bataille elle-même qui continue à être invisible. Les villages ont disparu et je n’avais encore vu nulle part démolition aussi complète que celle-ci ; les pierres elles-mêmes ont été écrasées et certain village qui en cachait un autre à l’horizon a si totalement disparu que le dernier semble avoir pris sa place ».