samedi, 22 janvier 1916

« Aux champs ! »

Sous ce titre, Maurice Schwob consacre son éditorial du jour, dans Le Phare, à chanter les louanges des agriculteurs et en particulier, signe des temps, des agricultrices.

 

Sous une photo montrant une jeune fille conduisant un attelage de quatre bœufs, il écrit :

« Aux champs ! C’est la claire sonnerie qui précède les revues d’honneur. Ne croyez-vous pas que la fillette conduisant toute seule son attelage de bœufs, et remplaçant vaillamment le père ou le frère absent, mérite, elle aussi, d’être mise à l’ordre du jour ?

Et la femme s’improvisant « chef d’exploitation rurale », pour suppléer au mari qui défend, là-bas, le foyer conjugal, savez-vous assez tout ce que nous lui devons ? »

 

Schwob ne cherche pas à construire une mémoire hagiographique de la mobilisation féminine. On n’en est pas encore là ! Très vite il retrouve le ton de son temps, pour chanter un hymne à la Terre, qui résonnera encore 25 ans plus tard :

« Restons une majorité paysanne ; c’est la force, c’est le salut… c’est notre sol, notre glèbe admirable qui doit nous nourrir et façonner notre race. Sachons encourager les travailleurs qui s’y acharnent… »

 

Cet éditorial rural, ne pouvait que se terminer sur un cocorico patriotique :

« Le coq de la ferme gauloise vaincra l’aigle pillard germanique. La culture réparatrice française triomphera définitivement de la Kultur dévastatrice teutonne. »

 

Le principal mérite de cet éditorial est de rappeler que la femme, mais pas seulement la paysanne, est au cœur de la guerre.