Léon Henri Leheudé, natif de La Turballe, ou un destin brisé par la guerre 14-18, parmi d’autres

par Maryvonne TROCHET

 

 

D’août à décembre 1914, 55 élèves du lycée Clemenceau ont perdu la vie. Parmi ces victimes anonymes, figure Léon Henri Leheudé, 21 ans, tué à l’ennemi, le 24 décembre 1914, dans la Somme.

 

Seul fils de Leheudé Prudent, né en 1853 à Assérac, et de Marie-Joséphine Morice, née à Saint-Brévin en 1862, Léon Henri Leheudé voit le jour à La Turballe, le 18 janvier 1893, au hasard des nominations professionnelles de son père, brigadier des douanes.

 

Alors qu’il a trois ans, la famille déménage, en 1896, à Nantes où le père est muté. Léon Henri grandit dans la cité des ducs, à côté de ses deux sœurs : Eugénie et Marie, ses aînées de 9 et 7 ans. La famille habite successivement 4, rue du roi Baco jusqu’en 1903, puis au 6, rue Rollin jusqu’en 1909, enfin au 13 rue Appert.

 

Après le primaire, Léon Henri est élève demi-pensionnaire du lycée de Nantes (actuel lycée Clemenceau) de 1905 à 1912. Il y accomplit toute sa scolarité, de la sixième à la classe préparatoire. En 1906, alors que son père a été admis à la retraite, une bourse d’externat de 175 fr. lui est allouée. C’est un élève brillant (il passe directement de la 6ème à la 4ème) qui est félicité par le conseil de classe avec seulement trois de ses camarades en classe de troisième B, en 1908, « pour sa conduite, son application et ses progrès ».

 

En seconde et en première, il reçoit le prix du tableau d’honneur. Son nom figure plusieurs fois, tous les ans, dans le palmarès car Léon Henri excelle dans les matières scientifiques (en 1909/1910, en première D, deuxième prix de mathématiques, deuxième accessit de physique-chimie). Mais élève complet, il se distingue aussi dans les disciplines littéraires (dans la même classe, premier accessit en composition française, premier prix en récitation et diction) dans les sciences humaines (accessit en histoire, premier prix de géographie) et les langues ( premier accessit en anglais, sa deuxième langue, sa première langue étant l’allemand). Il ne boude pas non plus les disciplines dites complémentaires (accessit de gymnastique en classe de mathématiques soit en terminale).

En 1910, il est reçu au baccalauréat première partie, sans mention ; en 1911, à la seconde partie, série mathématiques, sans mention également.

 

En 1911/1912, il prépare l’entrée à l’institut national d’agronomie et à l’école vétérinaire d’Alfort. En 1913, il se classe 91ème à l’issue de l’écrit du concours d’entrée comme conducteur aux Ponts et chaussées ; il y est admis sans avoir à passer les épreuves orales, au bénéfice de l’écrit. Commis aux Ponts et Chaussées, il prend alors son indépendance, loue un pied à terre au 4, rue de la montagne. L’avenir paraît lui sourire.

 

C’est sans compter sur la déclaration de la guerre, le 2 août 1914. Il est mobilisé sous le matricule 3563 dans le 6ème Génie, comme sapeur. Avec sa compagnie, le 11/4, il quitte Angers le 8/ 8/1914 pour Challerange (Ardennes), zone de concentration du 11ème corps d’armée à laquelle celle-ci appartient. Il prend part sans doute avec son unité à la marche en avant puis à la retraite sur la Marne. Le 10/9/1914, toujours avec sa compagnie, il reprend le mouvement sur Châlons et Reims et quand le mouvement se termine, il est dirigé vers la Somme où il a pour charge de renforcer l’organisation défensive des secteurs de la Boisselle et de Thibald.

C’est précisément en organisant la défense d’une tranchée que Léon Henri est tué à Ovillers-la- Boisselle, le 24 décembre 1914. Il avait 21 ans.

 

L’acte de décès est enregistré à Nantes, le 5 janvier 1915. La mention « Mort pour la France » lui est décernée.

 

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Son nom figure sur le monument aux morts de Nantes.

 

 

 

 

 

 

 

Il est inhumé, le 21/12/1921 dans le carré militaire PPbis du cimetière de la Bouteillerie à Nantes, rang 11, tombe 10.

 

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Le destin de Léon Henri , promis à un bel avenir avant que la guerre ne le fauche, est représentatif de celui de toute une génération tombée au champ d’honneur, dans la fleur de l’âge sans avoir vécu sa vie, pour la défense de la patrie et de la liberté.