Des députés socialistes en marge…

Chronique de ce 12 mai 2016 de notre historien, Jean Bourgeon, sur « Nos Années Cruelles » :

 

« Une quarantaine d’internationalistes se sont réunis dernièrement à Kienthal, petite localité de l’Oberland bernois et ont échangé là, paraît-il, quelques idées sur la paix. Cette réunion était la suite d’une autre qui avait eu lieu neuf mois auparavant à Zimmerwald… Le résultat du premier congrès fut nul. Celui du second est encore plus insignifiant, si c’est possible. Les assistants y furent moins nombreux, les Anglais n’y furent pas représentés ; quant aux Français, ils y furent au nombre de trois députés socialistes qui… vinrent en leur nom personnel et sans être chargés d’aucun mandat ».

 

Ainsi Gaston Veil présente-t-il la conférence pacifiste tenue par les socialistes européens, en Suisse, du 20 au 24 avril 1916.

L’éditorialiste du Populaire regrette l’idéalisme de « ces hommes, dont quelques uns font montre d’un certain courage en bravant l’opinion dans leur pays », mais il ne les condamne pas, à la différence du journaliste du Phare, pour qui la trahison n’est pas loin: « La conférence de Kienthal serait sans importance, et même sans intérêt, si elle ne cachait pas une dangereuse manœuvre allemande »

 

Les deux journaux qui rapportent l’événement s’accordent sur cette conclusion, formulée par Gaston Veil : « Pour rétablir la paix, il faut la conquérir par les armes et non pas la chercher en Suisse avec de doux bêlements ».